topmercato.com |
Le connard apprêté.
Le connard apprêté met du gel en toutes circonstances: à l'école, à la plage, au boulot... Difficile pour lors de l'imaginer jouer un match sans pento. Tel Emmanuel Petit (ou Steevie Boulay, pas évident de choisir le moins flatteur), il prépare avec soin sa coiffure, inspirée de Marouane Chamack. Incompris, il préfère jouer milieu plutôt qu'attaquant, pour éviter d'avoir à se recoiffer à la mi-temps, et parce qu'il est en général assez inefficace devant le but. Sa passion: dribbler. Qui? Il ne sait pas vraiment, alors souvent il se dribble lui même, et essuie les insultes de ses camarades connards apprêtés. Car le connard apprêté se déplace en banc, comme les morues. Comme les morues, il ne quitte que rarement le banc, sauf pour aller dans les buts, car le connard apprêté est aussi une victime. Et comme les morues, il porte un maillot du Portugal (sic), floqué Quaresma pour être un peu original, au cas où sa coiffure ne serait pas assez explicite. Une petite frappe, dans les deux sens du terme.
Le connard élégant.
Il n'a
pas de meuf (un mec?), mais n'en reste pas moins sympathique. Il a de
belles chaussettes blanches et un maillot Auchan - Brive la Gaillarde,
le crâneur, ce qui met la pression d'entrée sur ses adversaires. Son échauffement est
souvent prometteur, à coups de pas chassés et de tallons-fesses (très
belles fesses d'ailleurs, vraiment), pendant que tous les autres
détruisent les mains du gardien (le connard apprêté) à coups de boulets de canon. Alors quand on a
fini de jouer à pierre-feuille-ciseau et qu'on doit répartir les joueurs dans les équipes, on le choisit en premier, naïvement. Ses premiers contrôles sont propres,
ses premières passes sont simples, dans les pieds, et on se dit qu'on tient là le Jérémy Bréchet du match.
Puis, vers la 6e minute de jeu, la tuile: déchirement musculaire. Le
malheureux doit sortir, en boitant, visiblement très affaibli. Il
remettra ses chaussettes propres dans quelques semaines, mais je ne le
prendrai pas dans mon équipe cette fois, ce tocard de Jérémy.
Le connard superstar
Il est
roux, le pauvre, et naturellement en plus. Qui peut choisir d'être roux
de toute façon? Louis Saha. Ah pardon. Roux donc. A partir de là, je crois que bon, à part devenir champion de France de WoW, il a peu de chance de gagner du crédit autrement que par le foot. Et il le réussit plutôt bien. Véritable star de la cour de récré, attaquant vedette de l’Étoile Blanche de
Sainte-Flaive-des-Loups, il n'a pas peur de son statut d'homme fort et a
planté son triplé dans le derby contre le Dinamo
Saint-Georges-de-Pointindoux, ce qui lui a valu un mot dans Ouest France. Son père a tellement crié au bord du terrain qu'il doit pointer (ou doigt pointé) au commissariat tous les dimanches, comme Santos Mirasierra avant d'aller en prison. Le connard superstar n'a pas de fanpage Facebook comme Santos, mais quand il joue au foot le dimanche, il y met tout son cœur, comme Steve Savidan. C'est pour ça que dimanche, il jouera dans mon équipe, à la place de Jérémy.
Le gentil connard
Le gentil connard a
trente ans certes, mais aussi bientôt quarante. Il n'est ni beau ni laid, bien au contraire,
il est moyen. Comme sa femme et son niveau en foot. Il traine sur les
pelouses de Bagatelle, seul, le dimanche après-midi, à
la recherche de partenaires (pour jouer au foot, ndlr). Souvent
défenseur, par timidité plus que par choix, il est vêtu de son plus beau
Champion USA intégral et de chaussures de running. Il court dans tous
les sens, récupère beaucoup de ballons, glisse de temps en temps, se relève en s'excusant d'être tombé, et
fait aussitôt la passe sur un joueur démarqué. Bref, il est beaucoup trop gentil pour joueur au foot, ce connard. Son idole: Toulalan.
C'est donc le joueur indispensable dans une équipe, encore faudrait il
qu'il en ait une. "Je peux.. Excusez moi... Je... Oui bonjour! Merci heu... Il vous
manque un joueur?". "Tu vois bien que non: on veut faire un 4 contre 5."
Triste, peut être, mais il a une femme lui.
Le super connard
Le super connard aime le foot, mais déteste se fatiguer. Son truc à lui, c'est de garer son scooter sur le bord de terrain, de s'assoir avec ses potes et sa meuf, et d'attendre que le ballon sorte en touche pour intervenir: virgule devant le petit de 11 ans qui vient chercher la gonfle, roulette, frappe dévissée le plus loin possible; puis il se retourne, mort de rire, vers ses cousins en remontant son jogging pour faire admirer ses requins et en remettant sa capuche. Sisi. Imparable. La mascarade se finit soit par un molard sur le mur, soit par une générale avec les grands frères. Pour y échapper, on évitera de lui reprocher d'avoir envoyé le ballon à cent mètres, ce qui serait assez osé de notre part on l'avoue. Le connard a seize ans, et il les aura peut être toute sa vie. Son joueur préféré: Anelka bien sûr! On ne parle pas de foot dans ce cas, plutôt de "culture foot". Triste, peut être, mais il a une meuf lui.
Je ne comprenais pas.
"Kevin, t'es complètement crétin, pourquoi tu retournes jouer au foot tous les dimanches avec tes copains si c'est comme ça? Tu t'es déjà fait voler ta paire de crampons Patrick et ton maillot de Deschamps! La prochaine fois ce sera quoi? Ton boxer Valbuena?"
Je n'étais pas peu fier de ma vanne sur le coup, pourtant pas géniale après réflexion. Il faut avouer que c'était crétin de sa part, je me devais donc de lui inculquer un peu de logique.
Kevin se moucha.
"Mais papa... snif... le foot... j'adore ça. Qu'est ce que je vais faire le dimanche après midi si on m'enlève le foot? C'est ma passion."
Submergé par l'émotion, je me mis à pleurer.