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Glace à l'italienne
Il a fait une carrière honorable d'après ce qu'il raconte. Il a pris du ventre depuis, mais tu as envie de le croire. Et puis il y a cette fille qui
te plaît, et tu as envie de tenter quelque chose. Elle t’a dit qu’elle sortait avec des potes samedi, elle t’a proposé
de venir. Tu as dit oui. Mais dès jeudi, pendant le déjeuner, tu as commencé à
gamberger. Tu vas la suivre, mais tu ne connais pas ses potes. Enfin si tu les
a vu une fois, tu as eu la sensation désagréable qu’ils étaient plus marrants
que toi. Plus sympas aussi. On ne va pas se mentir, cette semaine tu joues à
l’extérieur. Samedi 18h30, te voilà dans la préparation mentale. D’abord ta
chemise rose, toujours. Merde, elle est où ? Tu repasses ta deuxième tenue, ton
polo avec ton numéro brodé sur le cœur.
La pression monte, le temps passe, tu es en
retard, tu accélères pour chopper ton métro.
Tu arrives chez elle, tard, et sur le palier tu entends la musique,
les voix, les rires… tu penses une seconde simuler une blessure et rentrer chez
toi, mais c’est trop tard. Tu sonnes. Tu es tendu, tu as couru, tu rentres en
sueur, tu as l’impression d’avoir une éponge sur chaque joue et une autre dans
le dos. Tu la vois, et elle t'ignore presque. Le match n’a pas commencé mais tu l’as déjà perdu dans le
vestiaire : tu joues en 5-4-1. Ton
jeu est placé, défensif et relativement fermé, à l'italienne, fait de
retenue mêlé à un certain jeu d'acteur que tu maitrises moyennement. Mais en même temps, tu n'es pas le seul responsable, tu sens que le gazon est gelé, tu donc es obligé de défendre avant d'attaquer. Et t’as tellement peur de perdre que tu
finiras toujours par marquer contre ton camp.
Le patient anglais
Soir de réveillon. Tu
es serein, la composition de la soirée est parfaite : assez de potes pour te sentir en sécurité, assez
d’inconnues pour engager sereinement la partie. Bref tu as le temps, pas besoin
de te précipiter, tu vas construire, trouver ton plan d’attaque. Si ça ne
fonctionne pas, tu as toute la soirée devant toi de toute façon. A moins de
paniquer, tu devrais arriver à tes fins d’ici la fin du match. Tu vas construire avec
tes atouts de mec lambda qui s’est fixé un objectif moyen : tu adoptes le
4-3-3, et le temps joue en ta faveur. Si c’est pas pour ce coup-ci, tu gagneras
au prochain match, car le jeu à l'espagnole est fait de
patience et nécessite un travail de longue haleine (fraîche, ndlr), surtout si le gazon est haut et sec comme ça semble être le cas. Un gazon raz te mettrait sans doute plus en confiance, et te donnerait peut être plus d'envie, mais tu ne maitrises pas tout, c'est la beauté de ce sport.
Ça fait quelques
matchs que tu es en 4-3-3. T’es toujours en course, c’est bien. Mais tu sens
qu’il va falloir accélérer, parce que là les objectifs sont clairs :
c’est la gagne. Les opportunités d’accrocher le bon wagon ne se répètent
pas indéfiniment. Et tu sens que le 4-3-3, à moins de le maitriser depuis ton adolescence, c'est peut être un peu trop élaboré pour toi. Alors tu passes à un bon vieux 4-4-2 à l'anglaise. Un jeu plus direct pour faire basculer le match. Surtout si la pluie fait son apparition et que le gazon devient humide, cette stratégie peut s'avérer payante. Tu le sais maintenant, le gazon est taillé haut, ça va sans doute freiner ton avancée et ça pourra te servir d'excuse en conférence de presse. C'est donc certain, il faut jouer direct. Et surtout, veiller à te placer à la limite du hors jeu, en se gardant bien de la franchir. Car tu n'as pas oublié le réveillon 2009: si tu multiplies les positions de hors jeu, les accélérations inutiles, tu te fatigues pour rien, et c'est la crampe assurée.
Les buts, c'est la vie
Ça y est, maintenant que tu as mis ton jeu en place, tu prépares avec soin l'instant fatidique: la frappe. Tu la veux sèche et soudaine pour surprendre ton adversaire. Soudaine ne veut pas dire brutale, tu le sais bien, car à frapper trop brutalement tu risquerais la blessure, et tout ce qui s'ensuit: éloignement des terrains pour un certain temps, voire fin
de carrière en Chine. Et là bas, tu sais que les terrains sont beaucoup plus
hostiles pour développer ton jeu. Tu prépares ton geste, discrètement et précisément, car tu es conscient qu'il va falloir cadrer
ta frappe pour éviter de passer pour un loser devant les copains. Tu utilises ton corps pour te dégager des adversaires, en musclant un peu ton jeu si nécessaire. Ça y est, c'est le moment, ta frappe est partie, tes yeux sont fermés et tu attends, guettant la réaction du public. Merde, tu viens de frapper en pleine lunette.
Retrouvez ici la Partie 2:
http://cafedufoot.blogspot.com/2011/12/boxing-days.html
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