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Antoine pensa : si il commande un Powerade bleu, je me lève et je m’en vais. C’est la
boisson la moins conviviale
qui soit. Un Fanta, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches
après-midi à
regarder Stade 2. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit
qu’un diabolo, ça serait bien. Oui, un diabolo, c’est sympathique. C’est convivial et
pas trop agressif. On sent le garçon doux et équilibré. Mais quel diabolo ? Mieux
vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il
faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La
papaye ou
la goyave, ça fait peur. Le diabolo abricot, c’est parfait. Si il choisit ça, je
lui déballe tout.
"-
Je vais prendre un diabolo… Un diabolo abricot, je crois", répondit Carlos. Antoine le
regarda comme si il était une effraction de la réalité.
C'est alors que Jérémy enfonça la porte. Balayant les deux hommes d'un regard stupéfait, il comprit. Une lueur pointa au creux de son œil, témoignant l'émotion qui l'envahissait peu à peu. D'un geste brusque mais assuré, il sorti sa petite brosse et recoiffa sa crête.
Comment allait-il l'annoncer à Javier? et Nenê?
Ce dernier pénétra à son tour dans la pièce. Finalement, il n'aurait pas à lui annoncer. Jérémy se jeta sur le jeune attaquant avant qu'il ne s'écroule. Les jambes du brésilien se dérobaient sous son poids à mesure qu'il comprenait ce qui l'attendait. Le soutenant fermement, Jérémy en profita pour lui glisser à l'oreille, avec une rage contenue:
"- T'inquiète ma gueule, c'est pas un mec avec les chicots pourris qui va te piquer ta place, nique sa mère."
Le murmure fût si bien prononcé qu'il parvint aux oreilles d'Antoine.
"- Qu'est ce que t'as dit enculé?" lança alors naïvement le canaque. Jérémy se tût. Alors, Antoine repris les mots qu'il avait utilisés quelques années auparavant lors de sa dispute avec Stéphane. Des mots qu'il se souvenait avoir judicieusement choisis pour exprimer ses pensées. Des mots qui sonnèrent comme l'arrêt de mort du joueur.
"- C'est toi le joueur de merde qui va me dire ce que je dois faire?"
Jérémy, visiblement très marqué, n'osa pas répliquer. Pourtant dans sa tête, les mots se bousculaient; mais ils restaient bloqués sur le bout de sa langue, figée par le chagrin, comme le jour où le professeur principal lui avait appris qu'il n'aurait jamais son brevet. Après une inspiration prononcée, ses pensées s'éclaircirent: ce fils de pute va me faire jouer en CFA avec Pegguy la cochonne. La vie de ma mère je ne vais pas me laisser faire.
"- Coach, va bien niquer ta race", furent les mots qu'il choisit finalement.
"- Pardon?!" Blaise venait de franchir le seuil de la porte à son tour. Jérémy avait sans doute manqué de délicatesse sur ce coup-là, mais il se rattraperait. Le pauvre Blaise l'avait pris comme une attaque sur ses origines, à tort, puisque Jérémy n'était pas raciste. Il avait même un ami noir. Jérémy voulut s'expliquer.
"- Ta gueule Blaise, j'te parle pas, et j't'emmerde toi et ta soeur."
Fin de l'Acte 1 de La Délicatesse.
A suivre.
"- Coach, va bien niquer ta race", furent les mots qu'il choisit finalement.
"- Pardon?!" Blaise venait de franchir le seuil de la porte à son tour. Jérémy avait sans doute manqué de délicatesse sur ce coup-là, mais il se rattraperait. Le pauvre Blaise l'avait pris comme une attaque sur ses origines, à tort, puisque Jérémy n'était pas raciste. Il avait même un ami noir. Jérémy voulut s'expliquer.
"- Ta gueule Blaise, j'te parle pas, et j't'emmerde toi et ta soeur."
Fin de l'Acte 1 de La Délicatesse.
A suivre.
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