LE BALLON D'OR M'A GONFLE

Le Ballon d'Or, c'est toujours la même chose depuis 2006. On croit qu'il va y avoir une surprise, et en fait non. Alors quand on apprend que Lionel a encore gagné, on dit: "pour changer". Puis on cherche la petite bête, un peu pour remettre en cause le choix des votants, et un peu pour emmerder les bien-pensants. Wolfgang Amadeus Llacer, ancien oublié de la fameuse liste au profit de joueurs plus médiatiques, voudrait du changement. Il a vécu la cérémonie en direct et livre son analyse, non sans amertume, sur les méthodes de sélection. Un article avec moins de vannes et plus de polémiques. Pour changer.

Cristiana ou Shakiro

Et si finalement c'était Cristiano, le meilleur joueur du monde? La question semble se poser vu la cérémonie à laquelle nous avons assisté: et si le seul vainqueur était finalement celui qui a décidé de cacher sa vilaine tête pour ne pas avoir à faire le bouffon avec les autres? Je m’explique: certes le Christian de ces dames (et de ces hommes?) n’est pas venu parce qu'il savait qu’il allait perdre, et ce n’est pas très joli; mais en fin de compte on préfère un pote casse-couille et franc du collier, plutôt qu’un benêt sans personnalité. Comment, en effet, qualifier autrement quelqu’un qui, comme la FIFA, non seulement ne trouve rien de mieux à faire que d’utiliser sa meuf pour attirer l’attention, mais en plus te raconte tout le temps les mêmes conneries parce que ça t’a intéressé la première fois? C'est vrai quoi.

Il va falloir que quelqu’un m’explique ce que Shakira est venue foutre là-dedans. Ok physiquement elle fait plus que compenser le spectacle désolant de Gronaldo, mais enfin on est à la remise du prix du meilleur joueur du monde, pas à la foire à la saucisse de Maubeuge avec des hôtesses défraichies. Il faut se respecter un peu. Et qu’on ne sorte pas l’argument de Piqué: on n’envoie pas Michelle Laroque à l’Assemblée Nationale sous prétexte qu’elle lave les caleçons de François Baroin, et Anne Sinclair n’a pas été recrutée comme thérapiste pour détraqués sexuels. Oui, bien sûr, Shakira a fait le waka waka l’année dernière. Mais s’il faut inviter tous les compositeurs de génie de chaque hymne officiel, ça va être très compliqué. Alors, porque, porque? Si l’amateur de foot veut se rincer l’oeil il va sur Youtube, au moins dans ses clips elle danse. Et la suite c'est quoi? Zahia pour la remise du prix du fair-play et Wahiba RIbéry pour annoncer les sanctions disciplinaires? Un peu de tenue s’il-vous-plait.

La boulette de Van Persil


Qu’on soit bien d’accord: Messi est fort, excellent même. Mais, pour commencer, on pourrait rappeler que Zizou a gagné tous les titres les plus prestigieux en club et en sélection, en étant à chaque fois décisif, et n'a pourtant reçu qu'un Ballon d'Or, car les journalistes préféraient les révélations de l'année aux trophées, ce qui est compréhensible. Mais alors Messi, qui n'a même pas une petite Copa America en sélection, a déjà été sacré trois fois, et tout le monde trouve ça normal? oui, et moi aussi à vrai dire. Le mode de sélection a changé, le type de vainqueurs aussi. Cette distinction récompense un schtroumpf dribbleur, oubliant chaque année de récompenser les schtroumpfs passeurs comme Xavi, Iniesta, Sneijder, voire Silva (oublié de la liste élargie!), qui ont fait de l'altruisme leur marque de fabrique. De toute façon, on sait que récompenser individuellement un joueur dans un sport collectif est une pratique insensée: il nait forcément une forme d'injustice pour les coéquipiers.

On est bien d'accord: Messi est fort, excellent même. Mais que signifie ce troisième Ballon d’Or quand Van Persie, par exemple, n’a même pas reçu d’invitation et passe sa soirée à jouer au Scrabble avec sa fille? Il signifie que l’évolution, la progression, ne sont pas récompensées. Messi est aujourd’hui au-dessus du lot dans son championnat, et son équipe semble dépendre de ses performances: tout cela était déjà vrai l’année dernière. Van Persie est aujourd’hui au-dessus du lot dans son championnat, et son équipe semble dépendre de ses performances, et il est même devenu un capitaine exemplaire. Tout cela n'était pas vrai l’année dernière. Et si Robin n'avait pas frappé le ballon bêtement après son hors jeu en huitième de finale de Ligue des Champions, il serait peut être à sa place. Oups.

Parmi les joueurs qui ont tout autant progressé pour se rapprocher du niveau de Leo, les votants ont donc choisi le schtroumpf dribbleur. Une fois de plus ce choix est justifié tant l'argentin est monstrueux balle au pied, mais on ne peut s’empêcher de remarquer que les acteurs de la FIFA choisissent de souligner l’évidence, de relancer la boule de neige médiatico-sportive entre Leo et Cricri, entre le Barça et et le Real, au lieu de mettre en valeur les joueurs qui ont bataillé pour y parvenir. Le onze mondial de l'année dégage la même impression: des joueurs excellents, espagnols pour la plupart, mais aucun coup de coeur; aucun nouveau venu dans les sphère des grands du football mondial. Tout cela était déjà vrai l’année dernière. On n'aime plus la nouveauté, l'indécision, ce qui fait pourtant la beauté de ce sport. On décourage les équipes et les joueurs qui se battent pour rivaliser, en récompensant ceux qui n'ont déjà plus rien à prouver. Les journalistes étaient les seuls à encourager la nouveauté, mais ils ne représentent plus qu'un tiers des votants depuis 2010.


Couille en Or

Finalement cette grande cérémonie nous a appris aujourd’hui que la FIFA se sert du Ballon d’Or pour rassembler sur un même papier les meilleurs joueurs du monde les plus médiatisés et faire sa pub, au lieu de féliciter les meilleurs joueurs du monde moins exposés et de les soutenir. La FIFA utilise ses joueurs plus qu’elle ne les valorise. Une preuve de plus de l'importance qu’a pris le marketing individuel, qui ne se concentre au niveau mondial que sur quelques joueurs stars. Et malheureusement Messi n'est pas français, ça nous aurait changé un peu de Yannick Noah.

Bon et puis pour James Blunt, c’est tellement improbable qu’on ne sait pas qui de lui ou de Sepp a payé l’autre pour cette rigolade. Peut-être un cadeau du suisse pour sa fille, qui présentera sans doute elle-même le ballon d’or l’année prochaine en bikini. A côté de Barabara Berlusconi et Pato, vainqueur du championnat de France.

WolfgangAmadeusLlacer, qui préfère quand même le clip de Shakira à celui de Francis Cabrel.